La vie des morts by Jean-Marie Laclavetine
2022; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2022.0171
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)French Urban and Social Studies
ResumoReviewed by: La vie des morts by Jean-Marie Laclavetine Mark D. Lee Laclavetine, Jean-Marie. La vie des morts. Gallimard, 2021. ISBN 978-2-07-294084-2. Pp. 201. Laclavetine revient sur une tragédie survenue dans sa famille lors de ses quinze ans, une histoire plus longuement relatée dans Une amie de la famille (2019). La vie des morts en est ainsi le prolongement direct qui, en examinant les répercussions de cette tragédie, donne la mesure d’un changement de perspective chez l’auteur sur le sens de ses créations antérieures. Composé de seize chapitres numérotés, ce texte est écrit à la première personne et s’adresse à sa sœur aînée, Annie, morte noyée en 1968, à l’âge de vingt ans, sous les yeux de son petit ami, de Laclavetine, son frère et leur mère. Alors qu’Une amie de la famille explorait les multiples couches de silence qui avaient recouvert cette grande absente afin de la mieux connaître et faire connaître, dans les sept premiers chapitres de La vie des morts l’auteur parle à cette sœur maintenant si présente pour tous ceux qui— interpellés ou tirés de l’ombre par la publication de son récit—se sont avancés pour témoigner d’elle ou de ses semblables. Nous voyons Laclavetine raconter, dans un style simple et intime, les multiples rebondissements et réactions chez des inconnus comme chez des connaissances perdues de vue, preuve que sa sœur a continué de vivre et, oui, de dialoguer, avec ceux qui lui ont survécu. Les réactions sont tellement prégnantes que l’auteur revoit sa production précédente sous un jour nouveau en se demandant si un retour à la fiction lui sera désormais possible, tant il est convaincu que ses décennies d’invention d’histoires n’auront été “que le moyen de contourner la réalité indicible de ta disparition” (25). Aux huit chapitres suivants Laclavetine parlera à Annie des morts qu’elle n’a pas connus—collègues, amis, mentors—lesquels demeurent, comme il s’en rend compte, en conversation avec lui. Partant souvent de vers de poésie qu’il cite à sa sœur, amoureuse de la littérature espagnole, il lui évoquera sur un ton gai les circonstances de leurs rencontres et il leur rendra hommage. Au quinzième chapitre—quelques cinquante ans après les événements—le petit frère retrouvera le surfeur qui a repêché des vagues atlantiques le corps mourant d’Annie. Jacques lui fera visiter les lieux, corrigera avec douceur les méprises de la mémoire et les deux finiront la journée par se recueillir sur la tombe d’Annie qui, par hasard, se situe à quelques mètres du fils de Jacques. La famille Laclavetine se retrouvera peu après, non dans un cimetière mais dans une célébration joyeuse d’Annie, la malédiction du silence heureusement rompue. Ouvrage qui porte et éclaircit l’ombre de son précédent, La vie des morts, plus qu’un tombeau, est un appel à dialoguer au-delà de la vie avec ceux et celles qu’on aime. [End Page 241] Mark D. Lee Mount Allison University (NB, Canada) Copyright © 2022 American Association of Teachers of French
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