Artigo Revisado por pares

Eiffel par Martin Bourboulon, réal.

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0150

ISSN

2329-7131

Autores

Marius Conceatu,

Tópico(s)

Historical and Scientific Studies

Resumo

Reviewed by: Eiffelpar Martin Bourboulon, réal. Marius Conceatu B ourboulon, M artin, réal Eiffel. Int. Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, Armande Boulanger. VVZ, 2021. Image à patine, décors et costumes restituant les années 1860–1889 de façon convaincante, montage alerte et rythmé, une histoire d’amour qui ponctue et même explique la création de la tour, la musique somptueuse d’Alexandre Desplat—ce sont autant d’ingrédients d’une superproduction qui suit fidèlement les recettes hollywoodiennes en matière de fresque historique. Cependant, il ne faut pas s’attendre à une biographie de Gustave Eiffel: c’est l’histoire de sa tour qui constitue le sujet du film. De plus, ce n’est pas l’exposition internationale de 1889 qui forme le cadre du récit, mais l’idylle entre Gustave (Romain Duris) et Adrienne (Emma Mackey), la fille de son patron du temps où il construisait la passerelle ferroviaire sur la Garonne à Bordeaux. Pourtant, le film brille surtout lorsqu’il suggère les enjeux socioculturels du travail d’Eiffel à une échelle plus large. L’épisode de sa jeunesse à Bordeaux n’est pas seulement nécessaire pour entamer l’histoire d’amour, mais aussi pour nous informer que la technique de stabilisation utilisée pour cette passerelle, qui lui a valu l’estime des ingénieurs à travers le monde à 26 ans, sera de nouveau utilisée pour assurer la stabilité de la Tour Eiffel, surtout pour ce qui est des poteaux du côté de la Seine. Le film choisit de mettre en exergue les relations personnelles, les sentiments et les états d’esprit de Gustave sans trop se préoccuper du contexte politico-historico-social de l’époque. Certes, nous apprenons des détails sur les pratiques économiques d’Eiffel et ses rapports impeccables avec ses employés, mais ceux-ci sont idéalisés jusqu’à l’invraisemblance. Le réalisateur Martin Bourboulon explique que le scénario cherche à éclairer un mystère: pourquoi Eiffel, qui pendant longtemps ne voulait pas entendre d’ériger une tour, puisque son rêve était de construire le métro parisien, a tout d’un coup décidé de soumettre son projet au concours gouvernemental et ensuite s’est acharné à l’achever malgré les difficultés financières et les conflits avec l’opinion publique? Pour tout dire—et sans vraiment donner de spoiler—la tour représente l’amour impossible de Gustave pour Adrienne. Après tout, sa forme est une stylisation de la première lettre du prénom de celle-ci. Le film le dit explicitement, mais la motivation de l’ingénieur n’est jamais une énigme. Ce traitement romantique de la vie personnelle d’Eiffel, qui s’incruste dans sa tour, contraste avec la dimension visuelle du film, qui résume bien le modernisme de la fin du dix-neuvième siècle. Pour filmer la construction de la tour jusqu’au premier étage, les réalisateurs ont créé un modèle, à une échelle considérable, au moyen de pièces métalliques du même type que celles qui sont entrées dans la composition de la vraie tour. Il y a une scène fascinante dans laquelle Eiffel coordonne les ajustements nécessaires à l’achèvement du premier étage—et cela nous apprend beaucoup sur l’ingéniosité de la structure et le secret de sa durabilité. Le spectateur ressent cet effet de réel qui confère au film une qualité brute, abrasive, transmettant l’impression que nous sommes témoins d’un miracle technique et d’un repère historique de fierté nationale. [End Page 277] Marius Conceatu Hampden-Sydney College (VA) Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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