Artigo Revisado por pares

Le carré des indigents by Hugues Pagan

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0298

ISSN

2329-7131

Autores

Jean-François Duclos,

Tópico(s)

Historical Studies and Socio-cultural Analysis

Resumo

Reviewed by: Le carré des indigents by Hugues Pagan Jean-François Duclos Pagan, Hugues. Le carré des indigents. Rivages, 2022. ISBN 978-2-7436-5493-1. Pp. 448. Une ville sans nom près d’une mer dont le rivage est plus souvent deviné qu’aperçu; un commissariat, “long rectangle de béton et de verre” (19) construit pour résister à l’assaut des pauvres et au dernier étage duquel s’affrontent des égos aussi médiocres que démesurés; dans les couloirs de la gare des clochards jugés indésirables par les édiles; un café-restaurant nommé “Aux Abattoirs”; une Jaguar où traînent en même temps qu’une odeur tenace de parfum les traces d’une amitié indéfectible. Ce que les premières pages du roman d’Hugues Pagan perdent en précision, elles les gagnent en atmosphère, une atmosphère rude, charbonneuse malgré les ciels de traîne, campée dans l’Ouest de la France au tout début des années 1970. Les trois décennies précédentes n’ont en effet pas été glorieuses pour tout le monde et dix ans après la fin du conflit, les fantômes de l’Algérie continuent de hanter les hommes. Chez les uns—en particulier Claude Schneider, l’inspecteur récemment rentré au pays pour diriger la brigade criminelle—la guerre est une blessure et ses regrets pèsent “plus lourd qu’un âne mort” (266). Mais l’ancien officier parachutiste connaît son métier de policier. Son humanité est plus grande que sa rage. C’est un “souple animal de chasse, patient, silencieux et prompt” (372). D’autres, au contraire, ne voient dans leur mission de maintien de l’ordre en province que la suite d’une longue série d’opérations “de basse police” (228) débutée en Indochine et poursuivie en Afrique du Nord. Le carré des indigents, treizième roman de Pagan, qui avant de devenir écrivain fut policier, se présente comme une enquête. Une adolescente, Betty Hoffman, a disparu en revenant de la bibliothèque. Lorsque son père se rend quelques heures plus tard à la police pour signaler son absence, il sait déjà d’instinct qu’elle est morte. La solidarité s’opère immédiatement entre l’inspecteur et le modeste cheminot déjà éprouvé par le décès de sa femme. Pas à pas l’enquête avance. Le Solex de la jeune fille puis son cadavre sont retrouvés, et au mitan du roman, ses assassins. Le récit se transforme alors en une chronique rythmée par des morts, des holdups, des crimes crapuleux et des délits en tout genre d’où émerge une forme de tristesse que seule la pratique assidue du piano semble capable d’assagir chez le policier. L’indigence dont il est question dans le titre s’applique tout aussi bien à ceux que l’existence a violemment bousculés qu’à ceux qui se refusent d’entraver leurs propres appétits. Ainsi, en plus des chroniques de l’Américain Ed McBain auxquelles il est fait directement référence dans une préface fictive au roman, n’est-on pas très loin de l’esprit des romans imaginés après-guerre par Jean Giono et dont Un roi sans divertissement (1947) est l’exemple le plus réussi. Finalement, c’est à Langlois, lui aussi ancien soldat en Algérie, “taciturne” et “courtois” (9) que Schneider paraît le plus, et dans l’esprit et dans la lettre, ressembler. [End Page 224] Jean-François Duclos Metropolitan State University of Denver (CO) Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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