Artigo Revisado por pares

Les deux Alfred by Bruno Podalydès

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0299

ISSN

2329-7131

Autores

François Massonnat,

Tópico(s)

Social Policies and Family

Resumo

Reviewed by: Les deux Alfred by Bruno Podalydès François Massonnat Podalydès, Bruno, réal. Les deux Alfred. Int. Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain, Bruno Podalydès, Luàna Bajrami. Why Not, 2021. Avec Emmanuel Mouret, Pierre Salvadori et le duo Delépine et Kervern, Bruno Podalydès compte parmi les rares réalisateurs de comédie français contemporains qui portent un intérêt à la qualité de l’image et font preuve d’une véritable originalité de mise en scène. Avec Les deux Alfred, il réalise la meilleure comédie hexagonale depuis En liberté! (Salvadori, 2018), grâce à un scénario d’une remarquable férocité envers l’ubérisation de la société. Père de deux jeunes enfants, Alexandre (Denis Podalydès) est en quête de rachat auprès de sa femme qui l’a (temporairement?) abandonné pour parcourir les eaux internationales à bord d’un sous-marin. En effet, le chômage prolongé d’Alexandre et un adultère accidentellement dévoilé au téléphone par une mouette et des touristes espagnols ont eu raison de sa patience. Il doit donc trouver un emploi tout en gérant les allers-retours à l’école maternelle et à la crèche, de préférence sans oublier les deux Alfred, ces singes en peluche qui tiennent lieu de (seul) doudou pour son fils. Parce qu’il prétend n’avoir pas d’enfants à un employeur hostile à la parenté, obstacle à la productivité, il décroche un sibyllin emploi de “reacting process.” Aidé par Arcimboldo (Bruno Podalydès), un autoentrepreneur aux multiples petits boulots précaires trouvés sur une application, Alexandre va jouer en catimini son rôle de père tout en se coltinant la tâche peu enviable de satisfaire les attentes en “benchmarking” de Séverine, sa cheffe pète-sec (Sandrine Kiberlain). Toutes proportions gardées, Podalydès se fait l’héritier de Jacques Tati. Cependant, la modernité de Mon oncle ou Playtime cède la place à une modernité 2.0, où les drones gisent sur les trottoirs, les voitures sont (trop) autonomes et les livreurs à vélo halètent d’épuisement. Drôlerie et poésie font bon ménage dans ce film résolument politique: le salut passera forcément par une résistance collective d’autant plus nécessaire que les gens vont jusqu’à sous-traiter leur participation aux manifs. La musique endosse la tension entre le monde volontiers poétique et désuet dans lequel vit Alexandre (il aime Jean Ferrat et Moustaki) et la modernité du monde qui l’entoure réellement, prise en charge par les morceaux électroniques du DJ Fritz Kalkbrenner. L’absurdité et la violence de la compétition qui fait rage entre les êtres au sein de cette société de services culmine lorsqu’Arcimboldo se bat en pleine nuit avec un autre “entrepreneur de lui-même” pour récupérer des drones à recharger. Le burlesque de la scène prend une tournure géniale quand la bande-son invite un groupe de banjo à reprendre Da Funk, le titre iconique de Daft Punk, dans une version acoustique endiablée. L’intelligence de la mise en scène s’avère d’autant plus savoureuse qu’elle est discrète, comme lorsque sa femme apparaît aux yeux d’Alexandre au moment même où il prononce le mot “paradis”. Celui-ci est incarné par une célèbre Vanessa. [End Page 250] François Massonnat Villanova University (PA) Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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