Artigo Revisado por pares

L’espace d’énonciation dans la littérature d’immigration maghrébine de la seconde génération: de la sociabilité à l’apatridie by Jean-Baptiste K. Kouame

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0286

ISSN

2329-7131

Autores

Martine Wagner,

Tópico(s)

Migration and Exile Studies

Resumo

Reviewed by: L’espace d’énonciation dans la littérature d’immigration maghrébine de la seconde génération: de la sociabilité à l’apatridie by Jean-Baptiste K. Kouame Martine Wagner Kouame, Jean-Baptiste K. L’espace d’énonciation dans la littérature d’immigration maghrébine de la seconde génération: de la sociabilité à l’apatridie. L’Harmattan, 2021. ISBN 978-2-343-22363-6. Pp. 515. Cet ouvrage propose une analyse sémiotique de trois romans—Journal, “Nationalité: immigré(e)” (1979) de Sakinna Boukhedenna, Le voile du silence (1993) de Djura et Zeïda de nulle part (1985) de Leïla Houari—écrits par des écrivaines issues de l’immigration maghrébine en France et en Belgique: “trois auteurs qui sont les porte-parole de cette génération de ‘beurs’ [...] représentatifs de la nouvelle tendance des romans ‘beurs’ qui abordent les problèmes existentiels de ces nouveaux Maghrébins qui ne sont de ‘nulle part’” (15). Comme on le constate, les textes sont datés puisque de nombreux romans écrits par des auteurs issus de l’immigration maghrébine ont été publiés depuis. Si ces écrivaines n’ont jamais été considérées comme des porte-parole, elles ont sans aucun doute contribué à l’émergence de cette littérature. La bibliographie de l’ouvrage est également datée en ce qu’elle ne contient aucune critique littéraire récente publiée en France ou en Amérique du Nord sur la littérature migrante maghrébine ou sur le postcolonialisme. Malgré le manque d’actualité de cet ouvrage, son intérêt porte sur ses analyses textuelles extrêmement détaillées de l’espace dans ces trois romans, ce qui le place dans la tradition formaliste française. L’auteur analyse la situation d’énonciation, y compris le paratexte, les signifiants spatiaux tels que les noms propres et les noms de lieux, la description géographique, les déplacements des personnages et leurs rapports à l’espace: les banlieues, la province, les espaces de liberté tels que les centres d’apprentissage, les salles de concerts, les cafés, les salles de cinéma, les espaces médians tels que les ports, la douane, les aérogares, les espaces maghrébins, campagnards, etc. Enfin, il analyse la configuration énonciative des romans (narrateurs, focalisation, ironie et humour, oralité) et leur temporalité. Au terme de ces analyses, l’auteur conclut, sans surprise, que les textes mettent en scène des univers antagonistes, des “‘êtres déchirés’ dont les parents sont issus de l’immigration et qui, malmenés par les Européens, les rejettent, [et] sont exclus par des Maghrébins de souche qui les accusent d’avoir perdu leur ‘arabité’” (488). Ils mettent aussi en scène “l’espoir de reconquérir leurs espaces sociaux” ou “de bâtir un pays entre la Méditerranée et l’Europe où les jeunes Beurs disposeront d’une ‘Nationalité: immigré(e)’” (489). L’utilisation dans l’ouvrage du terme controversé “de souche”, historiquement associée à l’extrême droite, pour désigner des Français, est paradoxale. Les auteurs d’origine maghrébine en France ont plutôt tendance aujourd’hui à abandonner les dualismes nationaux pour l’universel, et plutôt que de “nulle part”, se revendiquent comme des écrivains “de partout”. Comme le note Leïla Slimani dans un entretien en ligne pour France Fraternités en 2017: “On vous invite sur un plateau quand le sujet est l’islam, le voile, l’identité... J’avais envie de rétablir cette vérité que les [End Page 263] Arabes, les Maghrébins et les musulmans ont accès à l’universel et s’intéressent à énormément de choses” . [End Page 264] Martine Wagner University of South Florida Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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