Le fils du professeur by Luc Chomarat
2022; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2022.0263
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Psychoanalysis and Psychopathology Research
ResumoReviewed by: Le fils du professeur by Luc Chomarat Annie Bandy Chomarat, Luc. Le fils du professeur. Manufacture du livre, 2021. ISBN 978-2-35887-774-9. Pp. 265. L’inspiration de ce roman à l’évidente dimension autobiographique pourrait se placer à égale distance entre la madeleine de Proust et le poème de Prévert, “En sortant de l’école” (Paroles, 1946). Délaissant pour un temps l’écriture des polars, Luc Chomarat nous invite à une plongée mémorielle dans le royaume de l’enfance puis de l’adolescence, depuis sa naissance en Algérie et le retour en France avec sa mère, “celle qui l’a laissé tomber par terre” (20), présage des trépidations à venir. L’auteur raconte à hauteur d’enfant, avec tendresse et humour, les péripéties de la jeunesse de ce garçon qui n’est pas nommé mais dont on sait qu’il est fils de professeur, le père tour à tour craint et admiré. On le suit pas à pas du berceau à l’école primaire, de Saint-Étienne où il habite jusqu’en Alsace chez sa cousine Lina, depuis sa vie de fils unique dans l’appartement exigu à la naissance de son frère, “qui n’aurait pas dû être là” (55), venant semer le trouble dans son existence. Les perceptions du jeune garçon, souvent doubles et contradictoires, le préoccupent considérablement, à l’image de ses parents qu’il aime, admire et redoute en même temps, mais auxquels il préfère “ses parents d’à côté” (21) qui, eux, sont beaucoup plus gentils! Il est constamment écartelé entre ses émotions, ses sensations et ses sentiments: la piqûre est suivie du cadeau d’une petite voiture, les vacances de rêves en Espagne se terminent en désillusions et la réalité de sa vie n’est jamais celle qu’il voit au cinéma. Même la dernière visite de Lina lui apportera nostalgie et déception. Heureusement, il y a les bandes dessinées et les séries à la télé pour lui remonter le moral, les jeux de guerre héroïques à la récré avec les copains et les bonnes notes à l’école. Quand il devient plus grand, ses débats intérieurs sur Dieu, la religion, la politique, les femmes, se mêlent à ses prodigieux efforts pour trouver sa place aussi bien dans sa famille que dans l’équipe de foot. Les réflexions de cet enfant sensible à l’imagination débordante sont souvent hilarantes et ses questions médusent plus d’une fois les adultes. Tout est pour lui si compliqué que la vie se résume à l’éternelle question de savoir comment faire pour tuer ses parents, se débarrasser de son frère, accaparer l’attention de sa mère ou demander le numéro de téléphone à une fille, ce “qui est presque aussi difficile que de l’embrasser” (242). L’ultime recours c’est de tout entasser dans “le Service des affaires classées” (53) dont il pourra toujours ouvrir un des tiroirs le moment venu. À toutes les pages, il y a de quoi rire ou essuyer une larme, surtout lorsqu’il parle de sa mère, sa fragilité, son mystère, sa tendresse lorsqu’elle lui passe la main dans les cheveux. Qu’il est dur de grandir! Chomarat l’a superbement bien compris et raconté. [End Page 212] Annie Bandy Earlham College (IN), emerita Copyright © 2022 American Association of Teachers of French
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