Artigo Acesso aberto Revisado por pares

Usages du téléphone mobile et spatialité : Réflexions à partir du cas des femmes du Moungo central (Cameroun)

2023; Unité Mixte de Recherche 8504 Géographie-cités; Linguagem: Francês

10.4000/cybergeo.40171

ISSN

1278-3366

Autores

Jérémy Pasini,

Tópico(s)

Agriculture and Rural Development Research

Resumo

Au Cameroun, les déplacements des femmes s’effectuent généralement dans une zone réduite autour du domicile et sous étroite surveillance des hommes. Dans ce contexte, nous nous demandons en quoi l’appropriation, l’adaptation et l’utilisation par les femmes du téléphone portable peut les aider à obtenir davantage de maîtrise spatiale. Pour traiter cette problématique, nous nous appuyons sur la théorie des "arts de faire" (De Certeau, 1990), qui reconnaît aux individus une part d’autonomie dans l’usage qu’ils font d’une technologie. Nous faisons l’hypothèse que les femmes sont capables de détourner l’usage attendu du téléphone portable pour opérer des choix spatiaux (téléphoner plutôt que se déplacer, mettre à distance une personne en refusant de lui dévoiler sa localisation, etc.). Selon cette hypothèse, le téléphone portable est donc un outil de la "motilité" (Kaufman, Jemelin, 2004), voire de la "spatialité" (Lussault, 2007). À partir de données collectées dans le Moungo (Cameroun) entre 2014 et 2016, nous montrons que le recours au téléphone portable confère aux femmes un contrôle accru sur leurs usages de l’espace (coordination plus aisée des sorties collectives, report plus facile du retour au domicile, etc.). Cependant, nous soulignons aussi que toutes les femmes ne profitent pas de manière équivalente du téléphone portable. Nous proposons de porter attention à trois facteurs qui expliquent l’inégale faculté des femmes à mettre le téléphone portable au service de leur "spatialité" : le capital financier, le niveau d’éducation et l’âge.

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