Les Olympiades réal. par Jacques Audiard
2023; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2023.0022
ISSN2329-7131
AutoresMarius Conceatu, François Massonnat,
Tópico(s)French Historical and Cultural Studies
ResumoReviewed by: Les Olympiades réal. par Jacques Audiard Marius Conceatu and François Massonnat Audiard, Jacques, réal. Les Olympiades. Int. Lucie Zhang, Noémie Merlant, Makita Samba, Jehnny Beth, Camille Léon-Fucien. Page 114, 2021. Lors de la présentation des Frères Sisters à la Mostra de Venise où un seul film sur vingt-et-un en compétition avait été dirigé par une femme, Jacques Audiard s'était insurgé contre le manque de représentation féminine dans les jurys des festivals. Cette prise de position en faveur de l'équité entre les sexes, Audiard se l'est appliquée pour Les Olympiades, lui qui n'avait jusqu'ici co-écrit tous ses scripts qu'avec des hommes. Alors qu'on l'a souvent taxé de faire des films exagérément masculins, il résulte de sa collaboration au scénario avec Léa Mysius et Céline Sciamma un film sans violence physique, et ce pour la première fois depuis Un héros très discret. Autre nouveauté, le récit donne la part belle à quatre personnages féminins pour un seul masculin (au prénom mixte: Camille). Malgré ces entorses à des habitudes solidement ancrées, Audiard demeure néanmoins fidèle aux sujets qui toujours le poursuivent. L'importance qu'il donne à la famille et aux blessures qu'elle peut engendrer prolonge le sillon qu'il a commencé à creuser dès Regarde les hommes tomber. La malléabilité des identités, la lutte contre un handicap, et le désir de se réinventer préoccupent des personnages marginaux chacun à sa façon. Ainsi Emilie (Lucie Zhang) enchaîne-t-elle d'insignifiants petits boulots qui ne correspondent en rien à son haut niveau d'études. Surtout, elle se refuse à rendre visite à sa grand-mère chinoise dont les symptômes de démence la terrorisent. Nora (Noémie Merlant), Bordelaise trentenaire au passé flou, reprend, non sans heurts, des études à Tolbiac tandis que Camille (Makita Samba), jeune professeur volage, se remet difficilement et sans se l'avouer du décès de sa mère. Amber (Jehnny Beth), elle, mène une vie de travailleuse du sexe en ligne, protégée par l'écran derrière lequel elle fait fantasmer ses clients. Quant à l'adolescente Éponine (Camille Léon-Fucien), la jeune sœur de Camille, elle cherche à dépasser son bégaiement maladif à travers la pratique du stand-up. Ces personnages se rencontrent, se désirent, se lient d'amitié, et couchent parfois ensemble pour mieux s'émanciper, dans le quartier éponyme où vécut longtemps Michel Houellebecq: les Olympiades du treizième arrondissement. Cet îlot culturel et architectural investi par la communauté asiatique, Audiard en filme les impressionnantes tours dans un noir et blanc d'une grande beauté, avec des noirs d'une profondeur intense dans les scènes de nuit. Cependant, le noir et blanc ne tombe pas dans un classicisme factice. Au contraire, accompagné de la musique électronique de Rone, il embrasse la modernité à coups de split screens et invite même l'irruption fugace d'une séquence en couleur. Enfin, Audiard laisse encore [End Page 263] de jeunes acteurs inconnus ou presque (à l'exception de Noémie Merlant) porter son film, comme cela avait été le cas de Mathieu Kassovitz, Tahar Rahim, ou des trois acteurs tamouls de Dheepan. Entre renouveau et prolongement, Les Olympiades résume bien la carrière d'Audiard, réalisateur hanté par des obsessions que le renouvellement systématique de sa pratique cinématographique vise à transcender. [End Page 264] François Massonnat Villanova University (PA) Copyright © 2023 American Association of Teachers of French
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