Artigo Revisado por pares

Les traces sociales du traumatisme des attentats du 13 novembre 2015 : cinq ans et sept mois après

2023; EDP Sciences; Volume: 217; Issue: 1-2 Linguagem: Francês

10.1051/jbio/2023001

ISSN

2105-0686

Autores

Sandra Hoibian, Jörg R. Müller, Francis Eustache, Denis Peschanski,

Tópico(s)

Health, Medicine and Society

Resumo

Le suivi de la mémoire des attentats du 13 novembre, et plus généralement des attaques terroristes depuis l’an 2000, auprès de la population générale offre un matériau inédit pour comprendre l’évolution dans le temps et la construction de la mémoire collective. L’étude montre que ces attaques ont davantage marqué la population que d’autres événements tragiques survenus dans l’Hexagone dans une période de temps proche, ou même que d’autres attentats beaucoup plus récents. Avec le temps, la mémorisation précise des faits et les souvenirs des circonstances dans lesquelles les personnes ont appris les faits s’érodent, et se concentrent notamment autour du lieu du Bataclan. Mais, cette imprécision fait place à un investissement symbolique plus fort, qui conduit notamment à une surestimation du nombre de terroristes ou de victimes. Les raisons de la place particulière dévolue aux attaques du 13 novembre dans la mémoire collective tiennent à la fois au nombre inégalé de victimes, à l’attaque de lieux situés dans la capitale, à la réaction des pouvoirs publics qui instaurent l’état d’urgence, au cadrage discursif de la guerre contre le terrorisme amplifié par les médias télévisuels et au sentiment que la menace islamiste peut tuer aveuglément sans viser des catégories précises de population. L’étude met également à jour l’influence des systèmes de valeur (couleur politique, regard sur le modèle républicain) et des caractéristiques sociales des individus sur la mémoire. Elle s’inscrit dans une recherche fondamentalement pluridisciplinaire autour de la « Mémoire et traumatisme » intégrant des travaux en biologie, neurosciences et médecine.

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