Artigo Acesso aberto

Travaux

2015; Ghent University; Issue: 11 Linguagem: Francês

10.4000/fixxion.9924

ISSN

2295-9106

Autores

Marie-Hélène Lafon,

Tópico(s)

French Urban and Social Studies

Resumo

C'est un livre en train de se faire, autrement dit un chantier en cours ; et depuis longtemps ; la première tranche de travaux a donné lieu à la publication, au printemps 2012, d'une longue nouvelle intitulée Gordana dont le sujet serait une histoire d'amour qui n'a pas lieu au Franprix du 93 de la rue du Rendez-vous, la mal nommée, dans le douzième arrondissement de Paris.C'est un texte du bitume, de la ville, de la grande ville, où l'on ne sait pas qui est qui dans son quartier, voire dans son immeuble ; le lieu séminal en est un supermarché et le personnage éponyme une caissière dont on eût dit dans le milieu rural et confiné où se situent la plupart de mes précédents livres que l'on ne sait même pas d'où elle sort.Pour la deuxième fois, après Mo, publié en 2005, je m'extrais du territoire paysan, et rural, les deux ne se confondant pas, et travaille une matière citadine qui, d'un point de vue sociologique, n'est pas tout à fait la même que celle de Mo ; Mo vivait dans la banlieue d'Avignon tandis qu'avec Gordana, nous entrons dans Paris, Gordana et Mo, pour Mohamed, ayant évidemment en commun d'être des étrangers, pas des Gaulois, pas des Français de souche depuis huit, cinq ou même deux générations, pas des natifs ; et pas des paysans.Cette question des lieux, et des milieux, d'où l'on vient et où se situent les minces histoires que je raconte, si tant est que je raconte des histoires, n'est évidemment pas anecdotique, elle est prégnante, ce que pose d'emblée l'expression lieu séminal. 2Le lieu séminal est premier, le texte part de lui, commence avec lui ; j'entends par là que, dans le lieu, je commence à penser au texte, plus exactement à le flairer, à me dire que ça va faire texte, c'est-à-dire, au sens étymologique du terme, tissu de mots ; j'ai dit texte, pas livre.Le lieu donne l'impulsion, l'élan et il commande.Il commande les corps, les gestes, les façons de manger, de se vêtir, de se tenir, de marcher, de penser, d'aimer, de se souvenir, d'être seul, d'espérer, d'attendre.Ici, en l'occurrence, pour cette nouvelle publiée en 2012, l'impulsion, je n'emploie pas inspiration et lui préfère infiniment impulsion, plus physique, plus charnel, comme une main à l'épaule ; l'impulsion donc est venue d'un lieu, réel, un petit supermarché de quartier dans le douzième arrondissement de Paris, et d'une femme, non moins réelle, de son corps, magistral, de Travaux

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