Je vais jouer
2018; Ghent University; Issue: 17 Linguagem: Francês
10.4000/fixxion.6228
ISSN2295-9106
Autores Tópico(s)Aging, Elder Care, and Social Issues
ResumoJ'ai vécu jusqu'à mes dix-huit ans dans un petit village d'Ardennes où mon imagination se trouve, encore aujourd'hui.Que je le veuille ou non, tout ce que j'écris part de là, des quelques mètres carré du hangar à poules de mon grand-père, de l'odeur des fraises qu'il cultivait derrière l'église, face aux collines de Hoyemont, au-dessus de l'Ourthe et de l'Amblève, des silos à foin de la ferme de Jacques Martin, des bêtes sachant d'instinct trouver le bonheur, des machines agricoles défoncées par l'usage, dans le purin.* Je suis marqué à vie par ce monde presque disparu.C'est une immense joie et une immense peine.Je ne peux pas le dire mieux : mon enfance me remplit et de peine et de joie. *Ne pas arrêter de faire signe à l'enfant que j'étais, tenter de le revoir et de revoir mon frère, tout cela porte un nom : écrire.Mes livres pourraient d'ailleurs tous commencer par cette phrase, qui ouvre Pense aux pierres sous tes pas.« On était nés jumeaux, pourtant mon frère avait toujours été comme un aîné pour moi ».Quelque part, ça résumerait tout.* J'avais peur de la ferme de Jacques Martin, même si elle m'attirait.Il y avait les oies, qui me paraissaient être des bras automatiques nés pour blesser, des dindons, des porcs, un verrat dont Jacques disait qu'il pouvait nous réduire en bouille en un seul coup de mâchoire, toutes sortes d'êtres préhistoriques puant atrocement, pourtant quelque chose m'y ramenait constamment, dans cette ferme, qui m'attirait comme un poison.
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