Identifications de champignons par applications sur smartphone : le visuel ne suffit pas !
2023; Elsevier BV; Volume: 35; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1016/j.toxac.2023.08.028
ISSN2352-0086
AutoresL. Hazard, J. Gravoulet, E. Gomes, C. Tournoud,
Tópico(s)Identification and Quantification in Food
ResumoUn engouement pour ce qui est naturel est présent dans notre société, la cueillette et la consommation de champignons en font partie. En parallèle, les technologies de reconnaissance d'images accessibles via des applications sur smartphone se démocratisent. Nous avons testé sur le terrain la fiabilité d'applications de reconnaissance mycologique: Champignouf (scanner: champignon filmé sous divers angles et photo), Fungus (photo), Picture Mushroom (photo) et Shroomify (clé de détermination, l'utilisateur répond à des questions posées par l'application). En 2021 et 2022, identifications de champignons sur le terrain par des mycologues membres actifs d'associations et comparaison aux résultats des identifications données par les différentes applications utilisées selon leurs préconisations d'usage (par défaut, uniquement résultat de la première espèce proposée). Une erreur d'identification est une divergence entre l'identification proposée par l'application et celle retenue par les experts mycologues. Une situation à risque est identifiée lorsque la toxicité donnée par l'application est inférieure à celle du champignon identifié par les experts. Elle est indépendante de l'exactitude de l'espèce identifiée par l'application. L'analyse des résultats porte sur les données récoltées sur 196 espèces (96 en 2021, 100 en 2022), trois des applications ont été mises à jour entre ces deux années (désignées avec ce sigle:°) (Tableau 1). La fiabilité dans l'identification d'espèce est très variable de 10 % jusqu'à 87 % (si l'on ne considère pas les résultats de Shroomify qui sont à interpréter à part ; application étant basée sur une clé). La version scanner de Champignouf montre plus d'erreur que la version photo. Les pourcentages d'erreur sont plus élevés en 2022 bien que les applications aient été mises à jour (« amélioration des performances » pour Champignouf et Fungus, « ajout index de nouveaux champignons » pour Shroomify). Concernant les situations à risque, soit l'application propose une toxicité égale ou supérieure à la toxicité réelle de l'espèce (pas de danger), soit l'application propose une toxicité inférieure à la toxicité réelle, dans ce cas l'utilisateur/consommateur risque une intoxication. Les applications qui ont les pourcentages d'erreur faibles sont également celles où les situations à risque sont les moins fréquentes. Les situations à risque d'intoxication sont tout de même élevées: entre 6 et 39 % des cas. La comparaison de quatre applications utilisant trois méthodologies différentes démontre plusieurs choses. La connaissance par l'utilisateur des termes techniques a permis de répondre aux questions préalables de Champignouf et d'utiliser correctement la clé de détermination Shroomify. L'utilisation d'une clé de détermination classique apporte de meilleurs résultats et met également en avant le fait que ces applications sont utilisateur-dépendantes. L'usage des applications s'est fait en respectant scrupuleusement les consignes données par des utilisateurs attentifs et avertis (respect des consignes pour prendre les photos, connaissance des termes mycologiques utilisés dans les clés, …). Même si elle semblait plus prometteuse, la technologie scanner actuelle est finalement moins fiable que la reconnaissance basée sur une image figée. Néanmoins, les résultats obtenus sont déjà pertinents puisqu'ils montrent, des pourcentages d'erreur déjà élevés malgré la différence avec une utilisation en condition réelle par des amateurs. Ces résultats sont suffisants pour alerter sur les risques liés à l'utilisation de ces applications dans un but de consommation. Cette étude met en exergue un pourcentage d'erreur d'identification des applications mycologiques utilisant des images non négligeables et permet d'appuyer les messages de prévention actuels des autorités de santé. Il est nécessaire de mettre en place un politique de maintien des connaissances et de soutien aux personnes de terrain (Associations mycologiques, pharmaciens, enseignants). En matière d'identification de champignons, le postulat est clair : le visuel ne suffit pas !
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