Artigo Revisado por pares

Soumission chimique et violences intrafamiliales : décryptage du #MendorsPas

2023; Elsevier BV; Volume: 35; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1016/j.toxac.2023.08.056

ISSN

2352-0086

Autores

Leïla Chaouachi, Lauriane Charuel, S. Lebarrois, Jorge Heredia, Anne Batisse,

Tópico(s)

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Resumo

La soumission chimique (SC) est l'administration d'une substance psychoactive (SPA) à l'insu des victimes ou sous la menace, à des fins criminelles ou délictuelles. Ce type de violence, encore largement méconnu, se résume dans la conscience collective aux agressions sexuelles (AS) de jeunes femmes par des « rôdeurs » inconnus dans les bars ayant pour seule arme, le GHB. Mais qu'en est-il vraiment? Sommes-nous plus à l'abri au domicile ? Après le #balancetonbar, c'est au tour du #MendorsPas de mettre les projecteurs sur l'usage criminel des SPA dans la sphère privée, notamment dans la cellule familiale. Le CEIP-A de Paris, responsable de l'enquête nationale sur la SC depuis 2003 souhaite apporter des éclairages sur ces violences particulièrement insidieuses. Une étude rétrospective de la base de données nationale SC a été réalisée de 2018 à 2021 avec un focus sur le domicile et tout particulièrement sur les violences intrafamiliales (VIF). Au total, 233 SC ont été enregistrées sur la période d'étude. Le lieu des faits est renseigné dans 160 cas, avec en tête le domicile (n = 93 ; 58,1 %) et ce quelle que soit l'année. Contexte privé (n = 76 ; 81,7 %), festif (n = 5 ; 5,4 %) ou encore traite des personnes (n = 12 ; 12,9 %) sont autant de situations décrites dans les SC au domicile. Dans les contextes privés, les VIF sont les plus fréquentes (n = 38 ; 50,0 %), suivies par la sphère amicale (n = 11 ; 14,5 %), les rencontres amoureuses (n = 8 ; 10,5 %) et autres situations diverses (n = 10 ; 13,2 %). Dans les VIF (n = 38), les victimes sont des femmes (n = 26 ; 68,4 %) et des hommes (n = 12 ; 31,6 %) de tout âge (de 7 mois à 64 ans). On note une surreprésentation des mineurs (63 % des victimes) notamment des enfants de moins de 15 ans (54 %), ainsi que des séniors (14 %). AS, sédations à but d'homicide (infanticides impliquant toute la fratrie) et maltraitances chimiques sont majoritairement rapportés avec respectivement 37 % (n = 16), 23 % (n = 10) et 19 % (n = 8) des mentions d'agression (n = 43). Enlèvements, séquestrations, et violences physiques sont plus rarement décrits. L'administration de SPA intervient à toute heure de la journée et dès le réveil. Lorsqu'elles sont administrées à l'insu des victimes (n = 24 ; 63 %), les boissons (n = 13) et notamment les boissons non alcoolisées (n = 10) sont les vecteurs privilégiés, suivis par la nourriture (n = 5). Plusieurs vecteurs peuvent cependant être associés. Dans 7 cas, aucun vecteur n'a été nécessaire (prise forcée voire prise directe pour les enfants). Des situations de récidives sont décrites dans 17 cas (45 %) avec des expositions au long cours (de quelques mois à plusieurs années). Dans 14 cas (37 %), 2 à 4 SPA ont été utilisées (prises simultanées et/ou en alternance). Les médicaments sédatifs sont très majoritairement impliqués (n = 33). Benzodiazépines, anti-H1, neuroleptiques et opiacés font tous partie de l'arsenal des agresseurs. Plus rarement drogues (n = 3) et association drogues/médicaments (n = 2) sont retrouvées. Une victime sur 2 présente une amnésie des faits. Surdosages, accidents de la voie publique, grossesses non désirées et décès figurent parmi les complications rapportées. La SC dans la sphère familiale s'inscrit dans une routine particulièrement insidieuse qui met en danger la santé des victimes. En connaître les spécificités est indispensable pour mettre en place les mesures de prévention adaptées. Une campagne de sensibilisation spécifique à destination du grand public et des professionnels de santé notamment de ville est nécessaire pour mieux repérer ce type de violence et encourager la judiciarisation des affaires. C'est l'objet de la tribune publiée par #MendorsPas.

Referência(s)