Peter von Kant réal par François Ozon (review)
2023; American Association of Teachers of French; Volume: 97; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2023.a911356
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Visual Culture and Art Theory
ResumoReviewed by: Peter von Kant réal par François Ozon Khadija Khalifé Ozon, François, réal. Peter von Kant. Int. Denis Ménochet, Isabelle Adjani, Khalil Ben Gharbia, Stefan Crepon, Hanna Schygulla. Foz, 2022. La transposition du cadre théâtral au septième art n’est pas rare. Les films répliqués au cinéma non plus. François Ozon réalise un film qui conjugue l’adaptation cinématographique et la théâtralité. Il s’inspire de Die bitteren Tränen der Petra von Kant (1972) de Rainer Werner Fassbinder dont le film est lui-même une adaptation d’une pièce de théâtre éponyme. L’adaptation française est fidèle à sa matrice allemande dans la forme (déroulement de la trame, mise en scène et cadrage) et dans le fond (musique, chansons, sens et dialogues), malgré quelques libertés évidentes, surtout dans le choix du sexe masculin du trio (Peter, son assistant et son bien-aimé) ainsi que le métier de Peter—et d’autres détails qui s’ensuivent mais qui n’affectent pas l’esprit du scénario de Fassbinder. Le rapprochement avec le théâtre apparaît en filigrane dans les airs de la chanson “Comme au théâtre” interprétée par Cora Vaucaire, ainsi que dans le désir de l’illusion du protagoniste (“Mens-moi. S’il te plaît, mens-moi”, implore-t-il son amant). L’atmosphère théâtrale est suggérée par les rideaux qu’on tire au début et à la fin du film, et est renforcée par l’unité de lieu (l’intérieur d’un appartement allemand à Cologne en 1972), ainsi que par la composition explicite du film en trois actes auxquels correspondent trois indices temporels affichés sur l’écran. L’acte initial (“Köln 1972”) présente le célèbre cinéaste Peter von Kant et son entourage, jusqu’à sa rencontre avec le jeune et irrésistible Amir. S’ensuit l’acte II (“9 mois plus tard”), où est exposée la jalousie de Peter en raison de l’infidélité d’Amir qui finit par l’abandonner. Dans l’acte III (“6 mois plus tard”), Peter apparaît depuis sa déchéance après le départ d’Amir jusqu’au dénouement par le non-retour d’Amir. Or, à travers une intrigue divertissante et un schéma dramatique simple (une structure linéaire, un espace réduit et six acteurs en tout) se concentre le cinéma esthétique. En effet, chaque scène est un tableau d’art: la symétrie quand les personnages se mettent devant les fenêtres, et le reflet de leurs mouvements dans le miroir sont des exemples du procédé qui fait coïncider la technique, l’esthétique et le sens. Ensuite, les extraits sonores jouent un rôle fonctionnel puisqu’ils racontent l’aventure amoureuse de Peter. Enfin, chaque geste, chaque parole et chaque regard sont porteurs de sens. En plus, le jeu ingénieux des acteurs traduit sans ambiguïté leurs sentiments. Considérons notamment Peter et Carl (son assistant à tout faire) qui s’expriment par deux moyens antithétiques: d’une part, l’enfermement de Peter dans l’amour tumultueux se manifeste par l’éclat de ses émotions dans des discours virulents et, d’autre part, le mutisme de Carl et les traits de son visage sont des condensés d’émotions qui se passent de mots. Il est recommandé de visionner le film de Fassbinder auquel l’adaptation française doit en premier lieu ce “génie de la mise en scène” dont parle la chanson précitée dans le film. [End Page 192] Khadija Khalifé Independent Scholar Copyright © 2023 American Association of Teachers of French
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