Le pharaon, le sauvage et la princesse réal. par Michel Ocelot (review)
2023; American Association of Teachers of French; Volume: 97; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2023.a914245
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Diverse multidisciplinary academic research
ResumoReviewed by: Le pharaon, le sauvage et la princesse réal. par Michel Ocelot Jean-Louis Hippolyte Ocelot, Michel, réal. Le pharaon, le sauvage et la princesse. Diaphana, 2022. Ce film d'animation se présente sous la forme d'un triptyque qui se déroule à trois époques différentes (l'Antiquité, le Moyen-Âge et le 18ème siècle), et dans trois lieux distincts (l'Égypte, l'Auvergne et l'Empire Ottoman). Deux thèmes traversent les trois contes: d'une part notre désir d'entendre des histoires et, d'autre part, la capacité et le besoin d'émancipation des individus (notamment les plus jeunes) face à l'intolérance et la rigidité des adultes. Sans être une de ses œuvres majeures, Le pharaon, le sauvage et la princesse s'inscrit malgré tout dans la droite ligne des fables de Michel Ocelot et de son approche plurielle et intentionnellement rudimentaire des techniques de l'animation. Notons pour commencer dans la fable initiale, "Pharaon", l'utilisation en clin d'œil de la "frontalité" propre aux bas-reliefs de l'Égypte antique. Même si ce premier récit est le plus faible des trois, on y retrouve la même fraicheur, la même simplicité graphique qui renvoie plus à la pratique pré-cinématographique du papier découpé (typique des récits antérieurs d'Ocelot) qu'aux survoltages exacerbés de la 3D contemporaine. La deuxième fable, "Le beau sauvage", est la plus aboutie, avec de magnifiques travelings en plans larges arpentés par de merveilleux personnages en forme d'ombres chinoises. Quant à la troisième fable, "La princesse des roses et le prince des beignets", c'est la plus riche en couleurs, maillant le bleu du ciel marocain (puis turc) et l'infinie floraison des épices du marché qui sert de cadre à l'intrigue, dans un patchwork de coloris illimités. Ce qui fait l'intérêt de ce film, au-delà de sa somptuosité graphique, c'est qu'Ocelot y affirme, sur un ton certes mineur, qu'il sait non seulement toujours raconter des histoires, mais qu'à l'image de Shéhérazade, il sait aussi les enfiler comme des perles à un collier. Avec ces trois moyen-métrages, il réaffirme une fois de plus son statut d'artiste capital dans l'animation française contemporaine. S'il y a une French touch aujourd'hui, c'est bien à Michel Ocelot qu'on la doit. Enfin, là où Ocelot se montre le plus élégant et direct, c'est dans la façon dont il compose le récit cadre de ce triptyque. En effet, dans ce récit liminaire, une conteuse (Aïssa Maïga) s'adresse à un public que l'on pressent anxieux et inquisiteur, un public post-COVID donc. Le décor qui sert d'agrès est une sorte de forêt de grues de construction, balayant tout l'espace, occultant la vision du monde naturel, dissociant l'être humain de son environnement. C'est un monde défiguré par le fer et l'acier qui sert de socle aux trois contes, le monde de la convoitise, que les héros de ces histoires doivent combattre et reconstruire dans un rapport harmonieux à l'autre et au désir qu'on a pour ce dernier. [End Page 120] Jean-Louis Hippolyte Rutgers University-Camden (NJ) Copyright © 2023 American Association of Teachers of French
Referência(s)