"Grand Vietdaze Priapus": éléments d'une mythologie érasmo-rabelaisienne
1995; Presses Universitaires De France; Volume: n o 95; Issue: 6 Linguagem: Francês
10.3917/rhlf.g1995.95n6.0867
ISSN2105-2689
Autores Tópico(s)Historical and Literary Analyses
ResumoRésumé La préface à l' Éloge de la Folie d'Érasme est datée du quinto Idus Junias , jour des Vestalia romaines, où les ânes étaient fêtés et couronnés de fleurs. La même date figure à la première ligne du Quart Livre de Rabelais : cette coïncidence, remarquée ici pour la première fois, semble ne pas être due au hasard. Pour Érasme, l'âne représenterait, outre la stultitia dont il est un exemple bien connu, tous les aspects « charnels » du monde. De ces derniers, un autre emblème serait le dieu Priape. Toutefois, avec le fonctionnement paradoxal propre à l' Éloge , Priape pourrait symboliser - malgré son sexe d'âne - certains côtés positifs de la « chair », comme l'incarnation et la résurrection. En choisissant le «jour des fêtes Vestales » pour l'embarquement de Pantagruel, Rabelais voulait sans doute rendre hommage à Érasme, ainsi qu'à l' Éloge , texte dont s'inspire le diptyque Tiers-Quart Livres . Des allusions à Saint Érasme iraient dans le même sens, tout comme la présence de Priape en plusieurs endroits de ces deux livres, ce dieu ayant sans doute la même signification positive que dans l'Éloge. Rabelais indiquerait par là que ses critiques à l'égard de l'Église catholique romaine se situeraient dans la ligne de celles inaugurées par Érasme une génération auparavant, les deux auteurs semblant dénoncer à la fois les excès « charnels » de Rome, et, paradoxalement, son refus de prendre en compte les aspects spirituels de la « chair ».
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