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Intrigue à Brégançon: Une enquête de Pénélope par Adrien Goetz (review)

2024; American Association of Teachers of French; Volume: 97; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2024.a919973

2329-7131

Jean-François Duclos,

Historical and Literary Analyses

Reviewed by: Intrigue à Brégançon: Une enquête de Pénélope par Adrien Goetz Jean-François Duclos Goetz, Adrien. Intrigue à Brégançon: Une enquête de Pénélope. Paris, Grasset, 2023. ISBN 978-2-246-83130-3. Tout le monde n'a pas la chance d'aller passer ses vacances à Brégançon, et dans son Fort en particulier, célèbre depuis qu'il est devenu sous De Gaulle le lieu de villégiature des présidents, une sorte de Camp David français construit sur un îlot transformé en presqu'île. Le général n'y resta qu'une seule nuit, peu reposante en raison des moustiques et d'un lit trop petit pour sa grande taille. Pénélope, conservatrice au Mobilier national et Wandrille, qui forment le duo récurrent des romans d'Adrien Goetz, se trouvent sur place pour superviser l'arrivée de nouveaux meubles. Bientôt les y rejoignent la responsable des éditions Camillo et un photographe qui ont eux pour projet de publier un beau livre sur le lieu. Le lendemain de l'arrivée de ces quatre visiteurs, Suzanne, une amie de la mère de Pénélope et guide touristique de profession, est retrouvée grièvement blessée près de la piscine présitentielle. L'arme du crime, un court poignard, cadeau d'Helmut Kohl à François Mitterrand, porte deux empreintes dont celles de Wandrille. Est-ce par erreur que Suzanne a été si sauvagement attaquée? Qui, dans ce cas, était la vraie cible? Comment disculper Wandrille de ce crime? Voilà qui ressemble aux prémices d'un roman d'Agatha Christie dont Pénélope est si friande, et dont elle a apporté avec elle un exemplaire de La Maison biscornue. Pourtant, ni le capitaine de gendarmerie à qui échoit les responsabilités de l'enquête officielle, ni Wandrille ni Pénélope, assignés à résidence, ne s'activent beaucoup pour retrouver l'assassin. Les mots "intrigue" et "enquête" figurent respectivement dans le titre et le sous-titre de ce roman, mais le moins que l'on puisse dire est que la résolution des crimes dans les règles de l'art n'est pas la priorité d'Adrien Goetz. Il prend en revanche beaucoup de goût à remplacer au pied levé la victime de son récit pour faire aux lecteurs la visite des lieux et égrener anecdotes et rumeurs historiques. Le Fort, qui fut occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale ne cacherait-il pas dans d'hypothétiques tunnels un arsenal secret? De Gaulle y aurait-il passé une seconde nuit, certains événements liés aux relations franco-russes s'en trouveraient-ils expliqués aujourd'hui? "Il se passe beaucoup plus de choses qu'on ne le croit," observe l'éditrice parisienne, qui ajoute, à propos de son livre à venir: "Le texte sera chouette, on vise le grand public" (57). Goetz délaisse donc la dimension policière de ce récit pour se concentrer presque entièrement sur le lieu où il se déroule. Le mobilier remplace le mobile. Cela tombe bien: la plupart des personnages, comme leur auteur, sont hyper-diplômés en histoire de l'art, et d'une culture générale impeccable. Même Mario, le paparazzi déprimé, pense se lancer dans des études de doctorat. Wandrille, pour qui toute la vie se trouve déjà chez Corneille, apporte, malgré son statut de suspect, un humour bienvenu à ce livre qui se rêve davantage en série télévisée. [End Page 134] Jean-François Duclos Metropolitan State University of Denver (CO) Copyright © 2024 American Association of Teachers of French