Viens, et suis-moi par Thierry Bizot (review)
2024; American Association of Teachers of French; Volume: 97; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2024.a919949
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Psychoanalysis and Psychopathology Research
ResumoReviewed by: Viens, et suis-moi par Thierry Bizot Lydia Belatèche Bizot, Thierry. Viens, et suis-moi. Seuil, 2023. ISBN 978-2-02-153507-5. Pp. 288. Que se passe-t-il avec l'esprit au-delà de la mort physique du corps? Cette question engendre surtout une réponse religieuse. Le titre du huitième roman de Bizot est une invitation biblique de la part de Jésus de participer à un amour éternel. Néanmoins, l'image frappante sur la couverture du livre nous prépare à une expérience qui n'est pas tout à fait religieuse, car on voit le narrateur, Joseph Lepic, un prêtre de 71 ans, tout en blanc, comme un fantôme, face aux gens qui rendent visite à son cadavre. En tant que narrateur, Joseph nous explique son rapport inattendu avec son propre corps auquel il accorde une variété de noms péjoratifs: "le macchabée" (34), "ce salaud" (78), "cette carcasse sinistre" (92), "un vrai parasite … cette dépouille pathétique" (105), et "le bipède arrogant" (226). Mais aussi, le prêtre admire "l'Autre [qui] sait prendre soin de moi" (10), et accorde à son corps des noms élogieux tels que "un sosie" (32), "mon vieil ami, mon habitacle" (34), "cette machine remarquable" (35), "mon double" (105), et enfin "compagnon de route!" (224). Dans son état "inconsistant" (34), Joseph a de la nostalgie pour ses rencontres avec sa famille, ses amis, et spécialement ses paroissiens, par exemple Manon, "une petite fille" (129) adoptée qui compare sa place dans sa famille à celle d'"un sac à main" que sa mère "irait … rendre au magasin" (136). Le prêtre offre à Manon son propre exemplaire des nouvelles de Marcel Aymé parce que cet auteur "m'avait sauvé la vie en me permettant de m'évader" (139). Ce qui ajoute un vrai côté Twilight Zone à la voix narrative est la découverte que Joseph le défunt, de même que Dutilleul le vivant dans Le passe-muraille, "possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé" (citation d'Aymé dans Bizot, 140). La première "incursion amusante" (101) que Joseph fait dans l'appartement de son voisin, "M. Lauriot-Prévost, un dandy" (101), n'est qu'un moment comique parmi plein d'autres. Joseph, habitant de Meudon, a une réaction exagérée à sa mutation à Béthune, qui rappelle la réaction du personnage de Philippe Abrams dans Bienvenue chez les Ch'tis: "dans l'une de ces contrées austères du nord de la France, où la froidure et la grisaille semblent faire bon ménage" (20). Les décors du roman nous font souvent rire. Avant de devenir prêtre, Joseph est fiancé à Sandrine et travaille dans un cabinet d'avocats à Paris. Il est ravi d'aller dans le 15e arrondissement pour rendre visite à "Ange Luciani, mon tout nouveau client" (39) qui l'accueille "au salon, dont la décoration, particulièrement kitsch, faisait penser à celle d'une maison Barbie" (40). La voix narrative d'outre-tombe maintient constamment "une honnêteté déconcertante" (126) qui est également attribuée aux paroissiens qui se confessent. Joseph le séminariste a le même béguin pour Jésus que "la groupie d'une rock star qui n'en sait jamais assez sur son idole" (88). Bizot rend hommage à Sempé dans sa dédicace, suggérant que toute invitation religieuse oblige un retour à l'innocence de l'enfance. [End Page 124] Lydia Belatèche University of Minnesota Copyright © 2024 American Association of Teachers of French
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