Jean-Pierre Sainton (1955-2023)

2023; University of Puerto Rico; Volume: 51; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/crb.2023.a920700

ISSN

1940-9095

Autores

Ronald Selbonne,

Tópico(s)

Social Sciences and Governance

Resumo

Jean-Pierre Sainton (1955-2023) Ronald Selbonne Translated by Frances J. Santiago Torres PhD Click for larger view View full resolution Jean-Pierre Sainton est un fils organique du nationalisme guadeloupéen. Né à Paris d'un père guadeloupéen et d'une mère martiniquaise, il sera confié à sa grand-mère par les parents-étudiants, c'est ainsi que sa petite enfance se déroulera en Martinique. Il s'enracinera [End Page 181] dans la terre guadeloupéenne (sa « blessure sacrée » pour reprendre un mot de Césaire qu'il affectionnait) avec le retour au pays et l'installation de son père dans la région de Capesterre Belle-Eau. Avec son père, Pierre Sainton, Jean-Pierre va littéralement être porté sur les fonts baptismaux de l'Histoire vivante. En effet, le Dr Pierre Sainton est le principal leader de la première organisation indépendantiste guadeloupéenne créée en 1963 à Paris par des étudiants et des travailleurs émigrés : le GONG (groupe d'organisation nationale de la Guadeloupe). Le père Sainton initiera Jean-Pierre à la nature, en particulier celle des forêts et des rivières de la Basse-Terre dont il gardera jusqu'à sa disparition un amour immodéré, mais aussi à la politique : Jean-Pierre trainera ses yeux et ses oreilles d'enfant dans les réunions et les manifestations du GONG. Et puis ce fut la vieillesse… « Les massacres de mai 1967 m'ont vieilli d'un coup » avouera-t-il bien des années plus tard. Les forces policières françaises tirent sur une foule désarmée, pendant plusieurs jours dans les rues de Pointe-à-Pitre. À l'origine de ce massacre, une manifestation des ouvriers du bâtiment réclamant 2 % d'augmentation et une parole qui aurait été lancée par un représentant du patronat : « Quand les nègres auront faim, ils reprendront le travail ». Malgré la mise en place d'une commission par François Hollande (2016), présidée par l'historien français Benjamin Stora, chargée de faire la lumière sur, entre autres, ces événements, on ne connait toujours pas le nombre exact de tués. Il n'a que 12 ans quand il voit les gendarmes enlever son père. Après les massacres, le pouvoir gaulliste a désigné un coupable : ce sera le GONG et tous ceux qui réclament un peu trop fort l'autonomie. Des procès se tiennent en Guadeloupe et à Paris, devant la cour de sûreté de l'état. En 1968, les 18 patriotes guadeloupéens, y compris Pierre Sainton, déférés devant cette juridiction d'exception seront quasiment tous libérés. Jean-Pierre Sainton a quitté l'enfance en mai 1967 ; désormais s'ouvre à lui le chemin de la conscience politique et de l'engagement militant. C'est ainsi qu'on le retrouve dans les grandes grèves du début des années 1970 avec la mobilisation des lycéens de Baimbridge [End Page 182] (il sera l'un des principaux responsables du Comité d'action lycéenne en 1971) et il prendra toute sa part dans les activités de l'AGELAG (association générale des étudiants en lettres des Antilles et de la Guyane) quand il commencera ses études d'histoire en Guadeloupe. Il sera aussi un membre actif de l'AGEG (association générale des étudiants guadeloupéens) quand il poursuivra ses études d'histoire à Paris, de l'UPLG (union populaire pour la libération de la Guadeloupe, créée en 1978) et du SGEG (syndicat général de l'éducation en Guadeloupe). Jean-Pierre Sainton ne dédaignera aucune tâche ; on le verra toujours avec rigueur accomplir son devoir sans hiérarchiser les domaines d'intervention : écrire des articles dans les journaux nationalistes (Jakata, Lendépandans), participer aux koudmen, mettre sa vie et sa liberté en jeu dans des actions militaires, s'engager dans le secrétariat des affaires internationales de l'UPLG (une place qui lui donne un goût pour la Caraïbe. Il sera très marqué par les événements de la...

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