Looking Beyond Neoliberalism: French and Francophone Belgian Cinema and the Crisis by Martin O'shaughnessy (review)
2024; American Association of Teachers of French; Volume: 97; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2024.a928704
ISSN2329-7131
Tópico(s)European Socioeconomic and Political Studies
ResumoReviewed by: Looking Beyond Neoliberalism: French and Francophone Belgian Cinema and the Crisis by Martin O'shaughnessy Stéphane Pillet O'shaughnessy, Martin. Looking Beyond Neoliberalism: French and Francophone Belgian Cinema and the Crisis Edinburgh UP, 2023. ISBN 978-1-474448-62-8. Pp. 224. Cet ouvrage nous invite à un dialogue entre un important corpus théorique (Lazzarato, Malabou, Althusser, Maus, etc.) et un ensemble très divers de films allant du blockbuster aux documentaires expérimentaux sur le thème du sujet néolibéral depuis la crise de 2008. Si l'argumentaire aborde en premier lieu Un héros très discret sorti en 1996, c'est parce qu'il répond à l'approche de Martin O'Shaughnessy qui est de rechercher dans les corps, les gestes et les actions, ce qui pourrait offrir une alternative au néolibéralisme. C'est ainsi qu'il retrouve dans le cinéma d'Audiard les qualités de connectivité, de communication, de mobilité, de transformation, et le manque d'identité définie qui caractérisent les héros triomphants du néolibéralisme. Ils deviennent des entrepreneurs du soi jouant différents rôles pour se conformer aux exigences du système, mais dans l'impossibilité de rester dans un ancrage durable. Ce sont des personnages vulnérables devant faire face aux risques de la précarité. Malgré les apparences, les héros d'Audiard évoluent avec résilience dans un statu quo qui ne les libère pas du néolibéralisme. Cette situation amène une possible réflexion qui s'articule audelà du cinéma francophone. Non seulement elle peut s'appliquer à d'autres cinémas, mais aussi aux sciences sociales, ce qui est l'une des grandes richesses de cet ouvrage. En effet, sa lecture peut initier une étude des effets néfastes de la gig economy et ses petits boulots exigeant de la flexibilité dans un environnement précaire. L'auteur, à travers de nombreux films, retrace le cheminement des héros déchus pris dans les chaînes de l'endettement. La libération se fait alors par le suicide réel, celui symbolique du travailleur en soi, la démission ou encore le départ volontaire vers la marginalisation. À nouveau, un parallèle peut se faire avec plusieurs réactions post-COVID telles que la démission silencieuse et la grande démission. L'auteur, dont la finalité de ses recherches est de découvrir de nouvelles formes de communauté et de façons de vivre ensemble au-delà du néolibéralisme, s'intéresse de près au cinéma d'Abdellatif Kéchiche et de Céline Sciamma. À travers leurs rencontres avec les autres et les obstacles à leur devenir, leurs personnages se détachent d'une identité fixe coïncidant avec la version d'eux-mêmes déjà connue. Toutefois, c'est principalement avec les frères Dardenne que l'auteur retrouve la reconnexion des personnages grâce à l'économie du don. L'auteur considère cependant que le cinéma demeure largement centré sur les personnages, le langage et l'intrigue, et parfois trop investi dans l'économie néolibérale. Il se tourne alors vers les documentaires de Sylvain Georges qui laissent champ libre à une sémiotique plurielle des mouvements sociaux tels que Nuit debout (soulignons que celui des Gilets jaunes intervient après cette étude). Ici, le cinéma devient une prise de conscience d'un collectif libérateur ou de [End Page 176] résistance. Martin O'Shaughnessy a néanmoins conscience que ces mouvements sont éphémères. Surtout, il craint que le néolibéralisme ne soit remplacé par un néonationalisme fondé sur une identité fixe. Certainement, ce livre aidera à développer de nouvelles perspectives sur le cinéma contemporain et sur les événements sociaux récents et à venir. [End Page 177] Stéphane Pillet University of Puerto Rico, Mayagüez Copyright © 2024 American Association of Teachers of French
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