Artigo Revisado por pares

Pour une éthique du renseignement par Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (review)

2024; American Association of Teachers of French; Volume: 97; Issue: 4 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2024.a928731

ISSN

2329-7131

Tópico(s)

Historical Studies and Socio-cultural Analysis

Resumo

Reviewed by: Pour une éthique du renseignement par Jean-Baptiste Jeangène Vilmer Edward Ousselin Jeangène Vilmer, Jean-Baptiste. Pour une éthique du renseignement. PUF, 2023. ISBN 978-2-13-085001-4. Pp. 170. À première vue, le terme "éthique du renseignement" paraît oxymorique, comme le signale très tôt l'auteur: "le renseignement semble par nature immoral car il implique la collecte d'informations que d'autres voulaient garder secrètes et, pour ce faire, il doit recourir à la dissimulation, la tromperie, le mensonge, le vol, la coercition, le chantage, parfois la torture, voire l'assassinat" (14). L'idée fort répandue que les activités d'un service d'espionnage sont intrinsèquement immorales est d'ailleurs largement véhiculée dans les romans et sur les écrans. Pour ne citer que deux exemples: la série française Le bureau des légendes (2015–2020) et la série américaine 24 (à laquelle Jean-Baptiste Jeangène Vilmer a consacré un livre, 24 heures chrono: Le choix du mal, PUF, 2012). Ce nouveau livre a pour objet de dépasser de tels jugements lapidaires, de montrer que le renseignement ne relève pas d'un choix simpliste entre le bien et le mal. Tout comme dans le domaine de la politique en général, il s'agit le plus souvent de choisir le moindre mal. C'est là qu'intervient l'éthique, qui "n'est pas un ensemble de règles consensuelles, mais un domaine de recherche au sein duquel ces règles suscitent un débat nourri" (163). Jeangène Vilmer égrène une liste de situations auxquelles peuvent être confrontés les professionnels du renseignement: "Jusqu'où aller pour recruter une source ou un officier de renseignement étranger? Jusqu'à le compromettre, le piéger, le faire chanter? … Peut-on employer la violence physique, ou menacer de le faire, pour obtenir des informations? … Comment résister à la politisation du renseignement?" (8). Au cours de son étude, l'auteur s'appuie sur une vaste bibliographie, ce qui pourra étonner les lecteurs qui abordent ces débats éthiques pour la première fois. Plusieurs cas réels sont cités à titre illustratif, mais c'est bien à l'éthique du renseignement en tant que domaine de recherche qu'est consacré l'essentiel de ce livre. Les références philosophiques y sont donc nombreuses: Thomas Hobbes, Montesquieu, Emmanuel Kant, Jeremy Bentham, John Stuart Mill, etc. L'auteur présente pas moins de six approches théoriques principales: le réalisme, le pacifisme, le déontologisme, le conséquentialisme, l'éthique de la vertu et la théorie du renseignement juste. Cette dernière approche, que préconise Jeangène Vilmer, est inspirée de la théorie de la guerre juste. Elle entraîne un certain nombre de conditions et de limitations qui s'appliquent (ou devraient s'appliquer) aux activités de renseignement parmi les États démocratiques, tout en tenant compte de la nécessité objective d'un niveau d'efficacité optimal dans un contexte international lourd de dangers réels (terrorisme, guerres conventionnelles, nucléaires et plus récemment médiatiques). Évidemment, chaque lectrice ou lecteur pourra juger de la validité des arguments déployés pour justifier les activités de services comme la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Le livre de Jeangène Vilmer pourra fournir un [End Page 119] cadre conceptuel et des pistes de recherche à celles et ceux qui veulent en savoir plus sur un sujet longtemps resté obscur et trop souvent débattu sur un mode de sensationnalisme. [End Page 120] Edward Ousselin Western Washington University Copyright © 2024 American Association of Teachers of French

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