Artigo Revisado por pares

Intoxications au monoxyde de carbone : une frontière, deux systèmes

2015; Elsevier BV; Volume: 27; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1016/j.toxac.2015.03.076

ISSN

2352-0086

Autores

Christine Tournoud, U. Stedtler, M.-F. Raspiller, L. Berthelon, Maren Hermanns‐Clausen, I. Le Blanc, F. Flesch,

Tópico(s)

Heme Oxygenase-1 and Carbon Monoxide

Resumo

Les intoxications au monoxyde de carbone (CO) sont un problème de santé publique et les systèmes de notification sont variables d'un pays à l'autre. Nous avons réalisé une étude comparative des intoxications au CO enregistrées par les centres antipoison (CAP) de Strasbourg et de Freiburg, deux centres distants de 60 km de part et d'autre de la frontière franco-allemande. Analyse rétrospective des cas d'intoxication au CO répertoriés par les CAP de Strasbourg et de Freiburg entre le 01/01/2011 et le 30/09/2014. Toute personne exposée au CO avec ou sans symptômes et quelle que soit la source, est définie comme un cas. En ce qui concerne les cas du CAP de Strasbourg, 2 populations ont été analysées : les intoxications au CO seul (données colligées dans le logiciel national Siroco développé par l'Institut de Veille Sanitaire [InVS]), et les intoxications au CO associé à un autre agent (fumée…) colligés via le système d'information des CAP (Sicap). Pendant la période d'étude, 1102 cas d'intoxications par monoxyde de carbone seul (déclarés dans le logiciel Siroco) ont été colligés au CAP de Strasbourg, les sources les plus fréquentes étant, par ordre décroissant, les chaudières, chauffe-eau, poêles, moteurs thermiques et groupes électrogènes utilisés à domicile. Parmi ces cas, 535 (48,5 %) étaient symptomatiques dont 24 sévères (2,2 %) et 7 d'évolution mortelle (0,6 %). Par ailleurs, 598 intoxications au CO avaient une autre origine (fumée, incendie, gaz échappement) ; 192 (32 %) étaient symptomatiques, 3 sévères (0,5 %) et 4 mortelles (0,7 %). Pendant la même période, le CAP de Freiburg qui dessert une population 3,5 fois supérieure à celle du CAP de Strasbourg, a colligé 487 cas dont 349 étaient symptomatiques (71,6 %), 19 sévères (3,9 %) et 3 mortels (0,6 %). La distinction entre exposition au CO isolée, aux fumées ou autres sources n'était pas faite. En France, l'intoxication au CO par défaut de combustion fait l'objet d'une déclaration obligatoire. Les cas sont rapportés aux différents CAP chargés des enquêtes médicales. Le système de déclaration est adapté au recueil épidémiologique et à la veille sanitaire, ce qui explique que parmi les cas rapportés dans Siroco, 442 patients sur les 1102 (40 %) étaient asymptomatiques. En ce qui concerne les autres cas, les modalités de recueil de chacun des 2 CAP sont dépendantes des appels, motivés le plus souvent par un conseil thérapeutique. La fréquence des intoxications était 3,5 fois supérieure en France (1700 cas/487), en partie en relation avec la déclaration obligatoire. Le pourcentage de décès était le même pour les 2 centres (0,6 %). La proportion des cas sévères, en comparant l'ensemble des cas français aux cas allemands, était supérieure en Allemagne (3,9 % versus 1,6 % : p = 0,0011), ce qui peut s'expliquer par le fait que le CAP de Freiburg n'est que rarement appelé pour des cas asymptomatiques. Le pourcentage des cas d'intoxication au CO rapportés à la population est très différent entre les 2 CAP. Le système national français de notification des cas d'intoxications au CO est en grande partie à l'origine de cette différence. Ce système, actuellement en cours de refonte, doit impérativement être maintenu car il permet un recueil quasi exhaustif et détaillé des cas, validés grâce à l'expertise des centres antipoison.

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