« Une affaire de charité, non de librairie »
2010; Comité national de l'estampe; Issue: 230 Linguagem: Francês
10.4000/estampe.1324
ISSN2680-4999
Autores Tópico(s)Historical and Scientific Studies
ResumoUne affaire de charité, non de librairie » Van Gogh et le don des images Emmanuel PernoudPour décrire à Théo sa peinture de La Berceuse, en janvier 1889, Van Gogh la comparait à une « chromolithographie de bazar 1 ».Modernes que nous sommes, nous serons enclins à interpréter cette référence au « second degré », comme si Van Gogh versait dans la parodie picabienne, s'amusant à confronter peinture et culture de masse pour faire réfléchir au destin de l'art dans le monde moderne.Rien ne serait plus anachronique et trompeur qu'une telle explication.Il faut relire Van Gogh pour se départir d'une projection contemporaine qui, sous l'effet de la création actuelle, a trop tendance à tenir la dérision, autoréflexive ou non, comme l'ultima ratio de l'art.Nulle raillerie chez Van Gogh (qui n'est ni Manet, ni Degas), pas davantage lorsqu'il s'exprime sur d'autres produits de l'industrie culturelle de son temps comme l'illustration de presse.À le lire, on comprend qu'il admire dans les chromos, outre le brillant de leur palette, ce qui leur vaut précisément le mépris des esthètes : la sentimentalité 2 .Son tableau de La Berceuse est une chromo dans la mesure où « des marins, à la fois enfants et martyrs, le voyant dans la cabine d'un bateau de pêcheurs d'Islande, éprouveraient un sentiment de bercement leur rappelant leur propre chant de nourrice 3 ».Tableau-chromo conçu pour attendrir, bercer, arracher des larmes.Tableau destiné non aux salons des collectionneurs mais aux cabines des marins.Tableau à punaiser.« Une affaire de charité, non de librairie »
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